Après nos derniers articles très axés sur les plongées, la plage et les îles, nous changeons complètement pour celui-ci.
Pour une fois, en quittant Pemuteran, nous obtenons de vraies informations concernant les transports en commun et nous arrivons à rejoindre Gilimanuk en camionnette. On prend nos billets pour le ferry (qui, au passage, ne coûtent rien du tout... 0,4€) et 1h après, on est de l'autre côté, sur l'île de Java. Ici, 80 à 90% des gens sont de confession musulmane. C'est d'ailleurs un capharnaüm lorsque tous les minarets crachent en même temps pour la prière de 18h à 19h. Amusant aussi, les quelques églises sonnent les cloches toutes les heures. La cohabitation ne semble gêner personne...
Notre première étape sur cette île, c'est l'ascension du Mont Ijen. Vu le bordel que c'est pour les transports depuis notre arrivée en Indonésie, on décide de confier nos déplacements jusqu'au volcan à une agence, et les prix ne sont pas délirants. On rejoint une guesthouse tenue par une famille adorable et on se pose en attendant l'heure du départ... fixé à minuit 10 ! Et oui, on fera notre ascension de nuit puisque ce qui est intéressant dans cette excursion, c'est d'aller voir les flammes bleues crées par le souffre qui s'embrase au contact de l'air.
On ne dort qu'une petite heure et on s'habille chaudement pour aller grimper. Minuit 10, notre chauffeur est là, une heure et demie après on arrive au pied du volcan... On allume nos frontales, on récupère des masques à gaz et... C'est parti !
Les premiers kilomètres de grimpette jusqu'au cratère sont assez éprouvants. Ensuite, on descend à l'intérieur sur 700 mètres pour s'approcher le plus possible du lac acide (qui est d'ailleurs invisible de nuit) et des flammes bleues. Le souffre pique les yeux et les masques à gaz sont plus que bienvenus pour la respiration. Pour vous donner une idée, c'est un peu comme si vous vous retrouviez en fin de manif à République, les flics en moins... Le spectacle des flammes dansant devant nos yeux est saisissant. Nous restons une quinzaine de minutes en bas avant d'entreprendre notre remontée. |
Jusqu'ici, vous n'avez eu que le récit de la randonnée. Il faut signaler également que nous ne sommes pas les seuls ici. Des porteurs de souffre sont là, et pas pour le tourisme. Tous les jours, ils vont chercher la matière première dans le volcan qu'ils remontent dans de petits paniers. Ils portent entre 80 et 100kgs chaque voyage... Vous imaginez ? Ils sont bien entendu prioritaires sur le sentier et dès qu'ils passent devant nous, un silence respectueux s'impose de lui-même. Je ne sais même pas s'il existe un mot pour qualifier la difficulté de leur travail. Ils ont les épaules cassées, brûlées, infectées et n'ayant pas le choix, ils sont là quotidiennement. Pour 1kg de souffre, ils sont payés 1000 roupies, soit 1€ pour 15kgs. Ils le savent, et nous aussi : leur espérance de vie ne vole pas bien haut, eux ne sont pas équipés de masques. Le plus frappant est que lorsqu'ils retournent dans le cratère sans chargement, ils prennent le temps de nous saluer et de discuter avec nous pour les moins pressés.
Je crois que nous n'avons jamais vu de gens aussi courageux de toute notre vie.
Une fois retournés sur la crête, nous longeons celle-ci pendant environ 30 minutes jusqu'au lever du Soleil. Le lieu est magnifique, la vue dégagée et le lac en contrebas gigantesque. On restera ici jusqu'à ce que nous ayons trop froid.
On retournera à la voiture vers les 7h du matin et à 8h30, nous sommes à l'auberge.
Nos hôtes nous ont préparé un petit déjeuner à l'indonésienne (à base de riz quoi...) du tonnerre et il n'est pas question pour nous de dormir, on vient nous chercher à 10h pour nous emmener à notre prochaine destination, un deuxième volcan : le Bromo.
Après 4h de route, notre chauffeur nous dépose à Probolinggo, 30kms avant notre destination, et on a la vague impression de s'être fait avoir... Nous avions payé pour aller à Cemoro Lawang. Pas de problème, il nous paye le bus pour aller jusque là-bas, malgré nos protestations. C'est pas souvent, mais là il a eu le droit à une gueulante, qui finalement n'a rien changé. Le pire dans l'histoire, c'est que nous avons attendu 3h afin que le mini-bus se remplisse avant de partir... Et nous n'avons toujours pas dormi.
On arrivera à Cemoro Lawang vers les 19h30. On ne fera pas les difficiles et on s'arrêtera dans l'une des premières guesthouses. Un repas et au lit ! Nous avons hésité à enchaîner avec la marche pour accéder au point de vue sur le Mont Bromo, qui s'effectue elle aussi de nuit afin d'arriver au point culminant pour le lever du Soleil, mais là ça sera trop difficile pour aujourd'hui.
Partie remise à la nuit prochaine !